Pour : Les représentants des Etats africains à l’ONU à New York
Ministères des Affaires étrangères des Etats de l’Afrique
Le 18 novembre 2013
Excellences,
Objet : PROJET DE RÉSOLUTION SUR LA PROTECTION DES FEMMES DEFENSEURS DES DROITS DE L’HOMME
Nous vous écrivons en tant qu’un groupe de défenseurs des droits de l’homme Africains et des organisations de la société civile travaillant un peu partout sur le continent tant aux niveaux national, régional et international. Nous suivons avec un grand intérêt les négociations sur le projet de résolution sur la protection des femmes défenseurs des droits humains actuellement en discussion d au sein du Troisième Comité de l’Assemblée générale des Nations Unies. C’est la première fois qu’un projet de résolution qui traite exclusivement de la protection des femmes défenseurs des droits de l’homme est discuté au sein de ce comité. Ce projet représente une initiative extrêmement importante et significative pour les sociétés africaines.
Les femmes qui s’engagent dans la défense de tous les droits de l’homme et tous ceux qui défendent les droits des femmes et travaillent sur les questions liées à l’égalité des sexes apportent une contribution essentielle aux processus démocratiques, à la construction de la paix et au maintien de la sécurité, du développement et le respect des droits de l’homme dans nos communautés. Cependant, dans ce travail, les femmes défenseurs des droits humains peuvent faire face à une série de violations et d’abus – y compris les violences fondées sur le sexe – de la part des acteurs étatiques et non étatiques. Les États doivent porter une attention particulière aux risques encourus par les femmes défenseurs des droits de l’homme, reconnaître la valeur de leur rôle, et s’engager à assurer leur protection. C’est le moment pour tous les États de faire preuve de leadership en soutenant une résolution qui vise à reconnaître ce rôle au plan mondial.
Nous sommes extrêmement inquiets d’apprendre que le Groupe Africain a développé une position de groupe s’opposant à plusieurs éléments clés du projet de résolution. Il y a quinze ans, tous les États se sont accordés sur la Déclaration des Nations Unies sur les défenseurs des droits de l’homme, y compris les obligations de l’État à protéger tous les défenseurs des droits humains travaillant sur tous les droits de l’homme. Cet engagement a été réitéré et explicité par des résolutions subséquentes de l’Assemblée Générale et du Conseil des droits de l’homme.
En outre, les instruments africains des droits humains incluent des références importantes relatives à la protection des femmes défenseurs. La Charte Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples en son article 18:03 parle des obligations des États d’élimination toute forme de discrimination contre la femme et d’assurer la protection des droits des femmes comme stipulés dans les déclarations et conventions internationales. Il y a dix ans, le Protocole à la Charte Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples relatif aux Droits des Femmes en Afrique – le Protocole de Maputo – a été adopté. Reconnu comme un texte clé sur la protection des droits des femmes, le Protocole parle de l’engagement des États parties à accroître la participation des femmes dans les structures et processus de prévention, de gestion et de résolution de conflit’ et à tous les niveaux de prise de décision. Les États Africains doivent travailler à mettre en œuvre ces engagements, et à veiller à ce qu’ils soient réitérés et renforcés au niveau international.
Les États africains membres de l’ONU mettent en avant des résolutions importantes relatives aux droits des femmes, telle que pour mettre fin de mutilations génitales féminines, pour adresser la situation de la fistule obstétricale et pour l’amélioration de la situation de la jeune fille. À la Commission sur la condition de la femme en 2013, les États africains ont joué un rôle clé dans l’obtention des conclusions concertées sur l’élimination de la violence contre les femmes, qui a également reconnu la nécessité « de soutenir et de protéger ceux qui sont engagés à éliminer la violence contre les femmes, y compris les femmes défenseurs des droits de l’homme à cet égard, qui courent des risques particuliers de violence ». La résolution de l’Assemblée générale sur les femmes défenseurs des droits de l’homme compléterait et renforcerait ces efforts importants des Etats membres africains, car elle soutiendrait et reconnaitrait les efforts déployés par les femmes défenseurs des droits humains dans les pays africains qui cherchent à mettre en œuvre ces initiatives aux niveaux national et local.
Nous appelons tous les Etats africains à respecter leurs engagements en matière de droits de l’homme en soutenant cette résolution de l’ONU, et par la mise en œuvre des mesures concrètes pour protéger les femmes défenseurs dans leur travail. Nous appelons les États africains à l’Assemblée générale de se tenir aux côtés de toutes les femmes défenseurs des droits humains dans leur travail pour le respect des droits de l’homme à travers le continent.
Nous vous prions, Excellences, d’accepter l’expression de nos salutations les plus respectueuses.
- Actionaid, Zambia
- African Centre for Justice and Peace Studies
- African Gender and Media Initiative Trust
- Africa Programme of the International Commission of Jurists
- Alliances for Africa
- Amnesty International Algeria
- Amnesty International Benin
- Amnesty International Burkina Faso
- Amnesty International Cote D’Ivoire
- Amnesty International Ghana
- Amnesty International Kenya
- Amnesty International Morocco
- Amnesty International Senegal
- Amnesty International Sierra Leone
- Amnesty International South Africa
- Amnesty International Togo
- Amnesty International Tunisia
- Arry Organisation for Human Rights
- Association des Femmes Juristes du Burundi
- Cairo Institute for Human Rights Studies
- CAMFAIDS, Cameroon
- Centre for IHSAN Protection, Kenya
- CIVICUS: World Alliance for Citizen Participation
- Coalition For justice Accountability (COJA), Sierra Leone
- CODR UBUNTU, Burundi
- Community Empowerment for Progress Organization, South Sudan
- Darfur Bar Association
- East and Horn of Africa Human Rights Defenders Project
- Elman Peace and Human Rights Centre, Somalia
- Foundation for Human Rights Initiative, Uganda
- Freedom and Roam, Uganda
- Friends of RAINKA, Zambia
- Front Lines Defenders
- Human Rights Concern – Eritrea
- Human Rights Institute of South Africa
- Iniskoy for Peace and Development Organization, Somalia
- Ivorian Coalition for the ICC
- Kenya Human Rights Commission
- League for Human Rights in the Great Lakes region (LDGL)
- Maternal Mercy Development, Somalia
- National Coalition of Human Rights Defenders – Kenya
- ONG SOS Exclusion: Défense et promotion des droits humains et de la démocratie
- Pacesetters Youth Network, Zimbabwe
- Peace Democracy and Research, Somalia
- Protection International
- Réseau des Défenseurs des Droits Humains en Afrique Centrale
- Somali Disability Aid and Protection Association
- Somali Human Rights Organization
- Somali Women Development Centre
- Sonke Gender Justice, South Africa
- Soroti Development Association & NGOs Network, Uganda
- South Africa Litigation Centre
- South African Women In Dialogue
- South Sudan Human Rights Defenders Network
- South Sudan Human Rights Society For Advocacy
- Southern Africa Human Rights Defenders Network
- Southern Africa Human Rights NGO Network – Tanzania Chapter
- Stop AIDS in Liberia
- Strategic Initiative for Women in the Horn of Africa
- Tanzanian Human Rights Defenders Coalition
- Tanzania Pastoralist Community Forum
- TGNP Mtandao (Tanzania Gender Networking Programme)
- Treatment Advocacy & Literacy Campaign
- Union Burundaise des Journalistes
- Union de Jeunes pour la Paix et le Développement, Burundi
- Wanlaweyn Human Rights Organization, Somalia
- West African Human Rights Defenders Network
- Women and Law in Southern Africa
- Women of Zimbabwe Arise
- Women’s Solidarity Namibia
- Zimbabwe Lawyers for Human Rights