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DefendDefenders (East and Horn of Africa Human Rights Defenders Project) strongly condemns the failure of Burundian authorities to provide adequate reassurance that four prominent lawyers will not face reprisals after providing testimony to the UN Committee against Torture (CAT). We also note with extreme concern the reluctance of the Burundian delegation to the United Nations to engage with the CAT in any meaningful way during the country’s special examination on 28 and 29 July 2016.
On 29 July, the Prosecutor General at the Court of Appeal of Bujumbura sent a letter to the President of the Burundi Bar Association asking to disbar Armel Niyongere, Lambert Nigarura, Dieudonné Bashirahishize, and Vital Nshimirimana, for their alleged involvement in an insurrectionist movement and an attempted coup.
However, as the CAT notes in a letter to the Burundian delegation on this subject, the Prosecutor General requested sanctions, rather than an inquiry to establish the facts, “which raises concern with respect to presumption of innocence.” The CAT also drew attention to the timing of the request, which DefendDefenders believes was made due to their engagement to ensure perpetrators of rights violations in Burundi are held to account.
The four lawyers and the organisations they represent contributed to an alternative report, which was submitted to the CAT by 17 civil society organisations including DefendDefenders, ahead of its 58th session. The report describes the alarming situation in Burundi since its last review in 2014, and highlights the worsening situation in light of the 2015 political crisis. It documents numerous violations of the Convention against Torture, including an increase of arbitrary arrests and detentions, and an increase in extrajudicial executions and enforced disappearances. Three of the lawyers attended the 58th session of the CAT in Geneva.
In response to the threats made by the Prosecutor General, the CAT sent a letter to the Burundian ambassador to the United Nations, seeking urgent reassurance, no later than 11 August, that no member of Burundian civil society would be subject to reprisals. Article 13 of the Convention against Torture, to which Burundi has been a state party since 1993, guarantees that witnesses and complainants should be protected against all ill-treatment and intimidation as a consequence of making a complaint or any evidence given. To date, the Burundian government has provided no response.
Moreover, on 28 July the experts of the CAT made numerous inquiries that were clearly based on the findings of the alternative report provided by civil society. In a verbal notification, the Burundian delegation expressed its surprise about this line of questioning, and requested more time “to check the allegations against Burundi and deliberate on the appropriate measures to adopt.”
The next day, the Burundian delegation refused to attend the second session of the procedures. Although States have previously declined to take part in examinations, this is the first time in the history of the CAT that a delegation walks out halfway.
In a letter dated 29 July, the Chair of the CAT expressed his regret about this decision but reminded the Burundian delegation that submissions by civil society are commonplace and publically available ahead of the examinations. Following the customs of the CAT, he also granted the ambassador an additional 48 hours to provide supplementary responses to the questions raised during the first session. Again, the delegation failed to do so. Ahead of the 58th session, the Burundian government had already failed to produce a special report responding to various allegations of gross human rights violations.
“Access to international human rights mechanisms such as the Committee against Torture is essential to examine ongoing violations and ensure justice and redress for the victims. The refusal of the delegation to take part in the procedure is all the more disturbing considering Burundi is currently a member of the UN Human Rights Council and should set an example for other States when engaging with the mechanisms of the Office of the High Commissioner for Human Rights,” said Hassan Shire, Executive Director of DefendDefenders. “The threat of reprisals levelled against these four lawyers and the unprecedented decision to walk away from an ongoing examination are yet another example of the culture of impunity that has taken hold of Burundi since April 2015.”
Despite the decision of the Burundian delegation not to complete the examination, the CAT published its concluding observations on 12 August, based on the information available. However, the refusal of Burundian authorities to collaborate with the CAT highlights the continuing deterioration of the country’s human rights situation and the reluctance of the government to embark on a path towards reconciliation and accountability.
Burundi : le Gouvernement menace de représailles et sort de l’examen spécial par Comité de l’ONU contre la Torture
DefendDefenders (East and Horn of Africa Human Rights Defenders Project) condamne fermement l’échec des autorités burundaises à fournir suffisamment d’assurance que quatre éminents avocats ne seront pas victimes de représailles après avoir fourni des témoignages au Comité de l’ONU contre la Torture (CAT). Nous notons également avec une extrême préoccupation la réticence de la délégation burundaise à l’Organisation des Nations Unies pour s’engager avec le CAT de façon significative lors de l’examen spécial sur le Burundi du 28 au 29 juillet, 2016.
Le 29 juillet, le Procureur Général près la Cour d’Appel de Bujumbura a envoyé une lettre au Bâtonnier de l’Ordre des Avocats de Bujumbura demandant la radiation d’Armel Niyongere, Lambert Nigarura, Dieudonné Bashirahishize et Vital Nshimirimana pour leur implication présumée dans un mouvement insurrectionnel et une tentative de coup d’État.
Cependant comme le CAT l’indique dans une lettre à la délégation Burundaise sur ce sujet, le procureur général a demandé des sanctions, plutôt qu’une enquête pour établir les faits, « Ce qui suscite des préoccupations en matière de la présomption d’innocence ». Le CAT a également attiré l’attention sur le moment de la demande que DefendDefenders croit que cette demande a été faite à cause de l’engagement de quatre avocats pour que les auteurs de violations de droits au Burundi soient traduits en justice.
Les quatre avocats et les organisations qu’ils représentent ont contribué à un rapport alternatif, qui a été soumis par 17 organismes de la société civile, y compris DefendDefenders au CAT et avant sa 58ème session. Le rapport décrit la situation alarmante au Burundi depuis le dernier examen en 2014 et met en évidence la détérioration de la situation vu de la crise politique de 2015. Il documente de nombreuses violations de la Convention contre la Torture, y compris une augmentation des arrestations et détentions arbitraires et une augmentation des exécutions extrajudiciaires et des disparitions forcées. Trois des avocats ont assisté à la 58ème session du CAT à Genève.
En réponse aux menaces formulées par le Procureur Général, le CAT a envoyé une lettre à l’Ambassadeur du Burundi auprès de l’Organisation des Nations Unies demandant une garantie urgente, le 11 août au plus tard, qu’aucun membre de la société civile burundaise serait soumis à des représailles. L’article 13 de la Convention contre la torture, auquel le Burundi est parti depuis 1993, garantit que les témoins et les plaignants devraient être protégés contre les mauvais traitements et l’intimidation en raison de déposer une plainte ou de toute déposition faite. Le Gouvernement burundais n’a fourni aucune réponse à ce jour.
En outre, le 28 juillet, les experts du CAT a fait de nombreuses demandes de renseignements qui étaient clairement fondées sur les conclusions du rapport alternatif fourni par la société civile. Dans une notification verbale, la délégation burundaise a exprimé sa surprise quant à ce genre de questions et a demandé plus de temps ” pour vérifier les allégations contre le Burundi et délibérer sur les mesures appropriées à adopter.”
Le lendemain, la délégation burundaise a refusé d’assister à la deuxième session de la procédure. Bien que les Etats aient déjà refusé de prendre part à des examens, c’est la première fois dans l’histoire du CAT qu’une délégation sorte à mi-course.
Dans une lettre datée du 29 juillet, le président du CAT a exprimé ses regrets au sujet de cette décision mais il a rappelé à la délégation burundaise que les présentations par la société civile sont de monnaie courante et mises à la disposition du grand public avant les examens. Suivant les coutumes du CAT, il a également accordé à l’ambassadeur 48 heures supplémentaires à fournir des réponses supplémentaires aux questions soulevées au cours de la première session. Encore une fois, la délégation n’a pas réussi à le faire. Avant la 58ème session, le Gouvernement burundais a déjà échoué à produire un rapport spécial répondant aux diverses allégations de violations flagrantes des droits de l’homme.
« L’accès aux mécanismes internationaux des droits de l’homme tels que le Comité contre la Torture est essentiel pour examiner les violations persistantes et garantir la justice et des réparations pour les victimes. Le refus de la délégation de prendre part à la procédure est d’autant plus inquiétant compte tenu que Burundi est actuellement membre du Conseil des droits de l’homme et devrait constituer un exemple pour d’autres États lors de l’engagement avec des mécanismes de l’Office du Haut-Commissaire aux Droits de l’homme », dit Hassan Shire, Directeur Exécutif de DefendDefenders. “La menace de représailles dirigées contre ces quatre avocats et la décision sans précédent d’échapper à un examen permanent sont encore un autre exemple de la culture de l’impunité qui s’est emparé du Burundi depuis avril 2015.”, ajoute-il.
En dépit de la décision de la délégation burundaise de ne pas achever l’examen, le CAT présentera son observation et ses recommandations le 12 août, sur la base des informations disponibles. Toutefois, le refus des autorités burundaises à collaborer avec le CAT met en évidence la détérioration continue de la situation des droits de l’homme et de l’hésitation du gouvernement à s’engager sur le chemin de la réconciliation et de la reddition de comptes.