Le Projet des défenseurs des droits de l’homme de la Corne et l’Est de l’Afrique condamne fermement l’assassinat de Welly Fleury Nzitonda, le fils de l’éminent défenseur des droits de l’homme Pierre Claver Mbonimpa. Il a été arrêté ce matin alors qu’il se trouvait dans le quartier de Mutakura, un des quartiers dits « contestataires » de la capitale. Il aurait été battu, et son corps sans vie a été retrouvé plusieurs heures plus tard non loin de là où il a été arrêté.
Cet assassinat arrive au dernier jour de l’ultimatum donné par le Président Pierre Nkurunziza, demandant aux opposants du pouvoir de rendre leurs armes. Depuis cette déclaration du 2 novembre 2015, les habitants des quartiers dits « contestataires » de la capitale ont pris la fuite de peur d’être visés par les forces de sécurité burundaises.
“Le gouvernement du Burundi organise une répression violente et vicieuse contre les défenseurs des droits de l’homme et tous ceux qui étaient impliqués dans les manifestations contre le troisième mandat,” a dit Hassan Shire, directeur éxecutif du Projet des défenseurs des droits de l’homme de la Corne et l’Est de l’Afrique (EHAHRDP). “La communauté internationale, et tout particulièrement les dirigeants Africains, ont la responsabilité prendre des mesures pour empêcher une nouvelle montée de la violence dans les jours à venir.”
Le 9 octobre 2015, le gendre de Pierre Claver Mbonimpa a été assassiné à Bujumbura par deux hommes qui l’ont attaqué avec des grenades. Le 3 Août 2015, Pierre Claver Mbonimpa a lui-même été touché par balles au cou et au visage alors qu’il rentrait en voiture de son bureau. Il a été évacué à Bruxelles, où il reçoit des soins et se remet de ses blessures.
Les attaques systématiques contre les défenseurs des droits de l’homme, leurs organisations et leurs familles sont devenues plus fréquentes et plus violentes depuis la tentative de coup d’état du 13 mai 2015.
Le 4 novembre, le Procureur général de la République a informé l’organisation non-gouvernementale Maison Shalom, qui travaille sur le développement des communautés et le droit des enfants, que son compte en banque avait été gelé. Le 2 novembre, Marguerite Barankitse, la directrice de l’ONG, s’est exprimé sur Radio Canada pour dénoncer la crise en cours :
“Jamais il n’y a eu un régime aussi sanguinaire au Burundi. On est en train de mutiler nos jeunes, on commence même à les castrer, à les faire s’assoir dans de l’acide, à les tuer, à décimer des familles entières, à enfermer des quartiers entiers. [Ces gens] n’ont fait que dire que le troisième mandat était illégitime,” a expliqué Marguerite Barankitse à la journaliste.
En avril 2015, le président Nkurunziza a annoncé son intention de briguer un troisième mandat, une décision critiquée par l’opposition politique et la société civile burundaises qui la considère en violation de la Constitution du Burundi et des accords de paix. Les manifestations qui ont suivi étaient majoritairement dans la capitale, Bujumbura. Suite à une tentative de coup d’état le 13 mai 2015, les tensions au Burundi ont atteint un nouveau seuil: les radios privées ont été fermées par les autorités, et de nombreux défenseurs de droits de l’homme et journalistes ont dû fuir le pays. Le contexte sécuritaire de plus en plus volatile a sérieusement entravé le travail des défenseurs des droits de l’homme au Burundi.
EHAHRDP fait appel :
– À la Commission Africaine des droits des hommes et des peuples à rapidement mettre sur pied une enquête approfondie sur les violations des droits de l’homme et autres exactions contre les populations civiles au Burundi, telle qu’elle a été mandatée par le Conseil de Paix et Sécurité de l’Union Africaine ;
– Au Conseil de sécurité des Nations Unies à se réunir aujourd’hui pour prendre des mesures face à la dégradation de la situation au Burundi;
– À l’Assemblée Générale des Nations Unies à reconsidérer le droit du Burundi de faire partie du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies en vue de son mépris total pour les droits de l’homme et la vie de ses citoyens.
Pour plus d’informations, veuillez contacter:
Hassan Shire, Directeur Exécutif, East and Horn of Africa Human Rights Defenders Project sur: [email protected] ou +256 772 753 753 (Anglais)
Clementine de Montjoye, Chargée de Recherche et de Plaidoyer, East and Horn of Africa Human Rights Defenders Project sur: [email protected] ou +256 752 183 305/ +33 6 58 56 26 50 (Français et Anglais)